Une dichotomie entre les exigences d’inclusivité pour les services publics et la pression de la performance dans la gestion des ressources humaines

Il est paradoxal, voire contradictoire, de demander aux services publics d’être inclusifs tout en maintenant un système de GRH basé uniquement, ou majoritairement, sur la performance mesurée par des indicateurs souvent quantitatifs et ne tenant pas suffisamment compte des aspects qualitatifs liés à l’inclusion.

L’inclusivité, dans le secteur public comme dans le privé, ne devrait pas se limiter à une simple déclaration d’intention ou à des actions superficielles. Elle doit être intégrée à tous les aspects de la gestion, y compris la GRH. Une GRH réellement inclusive devrait s’articuler autour de plusieurs axes :

1. Recrutement et sélection:

  • Développement de processus de recrutement équitables et transparents: Cela implique de lutter contre les biais inconscients, d’utiliser des critères d’évaluation objectifs et de diversifier les canaux de recrutement pour atteindre un public plus large et représentatif de la population.
  • Promotion de la diversité: L’objectif n’est pas seulement de recruter des personnes issues de minorités, mais de créer un environnement de travail où chacun se sent valorisé et où ses compétences sont pleinement reconnues, indépendamment de son origine, de son genre, de son handicap, etc.
  • Adaptation des processus de sélection: Pour les personnes en situation de handicap, par exemple, il est nécessaire d’adapter les épreuves et les modalités d’évaluation.

2. Formation et développement:

  • Sensibilisation à l’inclusion: Des formations régulières pour tous les agents sur les questions d’inclusion, de lutte contre les discriminations et de gestion de la diversité sont essentielles.
  • Développement des compétences interculturelles: Dans un contexte de plus en plus mondialisé, il est important de développer les compétences interculturelles des agents pour mieux répondre aux besoins d’une population diverse.
  • Accompagnement personnalisé: Des parcours de formation et de développement individualisés peuvent être mis en place pour permettre à chaque agent de progresser et de s’épanouir professionnellement.

3. Évaluation et gestion de la performance:

  • Revoir les indicateurs de performance: Les indicateurs de performance doivent être redéfinis pour intégrer des critères liés à l’inclusion. Il ne faut pas uniquement se concentrer sur la quantité, mais aussi sur la qualité du service rendu et sur la manière dont il est rendu.
  • Prise en compte du contexte: L’évaluation de la performance doit tenir compte du contexte de travail et des contraintes spécifiques rencontrées par chaque agent.
  • Dialogue et feedback: Un dialogue régulier et constructif entre les managers et les agents est essentiel pour une évaluation juste et équitable.

4. Promotion et mobilité interne:

  • Favoriser l’égalité des chances: Les processus de promotion et de mobilité interne doivent être transparents et garantir l’égalité des chances pour tous les agents, quel que soit leur profil.
  • Développement des talents: Il est important d’identifier et de développer les talents de tous les agents, en particulier ceux issus de groupes sous-représentés.

5. Gestion des carrières:

  • Accompagnement des agents tout au long de leur carrière: Une gestion des carrières inclusive permet aux agents de concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle, et de progresser dans leur carrière tout en tenant compte de leurs besoins spécifiques.

L’inclusivité ne devrait pas être perçue comme un frein à la performance, mais comme un facteur de performance. Une GRH inclusive favorise un environnement de travail plus positif, plus motivant et plus productif, permettant aux services publics de mieux répondre aux besoins de la population et d’atteindre leurs objectifs. Il est donc nécessaire de repenser la GRH en intégrant pleinement les principes d’inclusion et en réévaluant les critères de performance pour qu’ils soient cohérents avec cet objectif. Le défi consiste à trouver un équilibre entre l’exigence de performance et la nécessité d’assurer une gestion équitable et inclusive des ressources humaines.

Redéfinir l’excellence institutionnelle : intégrer l’équité et la probité dans la gouvernance des institutions publiques

Dans le cadre de l’analyse des institutions publiques et de leur rôle dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), il est crucial de considérer la complexité des interactions entre les structures institutionnelles, les mécanismes d’évaluation, et les pratiques managériales.

Les ODD, dans leur ensemble, reposent fondamentalement sur l’existence d’institutions efficaces et responsables (ODD16). Ces institutions, piliers de la gouvernance moderne, sont évaluées selon des critères de performance, reflétant une approche gestionnaire issue du nouveau management public.

Parallèlement, la qualité des services publics ne peut être dissociée de la notion d’équité, principe cardinal garantissant un accès juste et proportionné pour chaque citoyen. Cette dimension éthique et sociale transcende les simples mesures quantitatives de performance.

Cependant, on observe une dichotomie potentiellement problématique : alors que l’on aspire à des services publics équitables pour les usagers, les agents publics eux-mêmes sont souvent gérés selon des paradigmes uniques de performance. Cette dissonance entre les objectifs sociétaux et les pratiques managériales internes soulève des questions quant à la cohérence du système administratif dans son ensemble.

Pour résoudre cette apparente contradiction, il apparaît nécessaire d’enrichir les critères d’évaluation des agents publics. Au-delà de la seule performance, l’intégration de critères de probité permettrait d’aligner davantage les pratiques managériales sur les valeurs fondamentales du service public. Cette approche holistique viserait à réconcilier l’efficacité opérationnelle avec les principes éthiques qui sont au cœur de la mission des institutions publiques.

Propositions d’indicateurs pour la cible 16.6

Indicateurs en lien avec l’évaluation des politiques publiques
  • Existence d’une entité indépendante d’évaluation des politiques publiques
  • Proportion d’administrations publiques bénéficiant d’un département (unité, service) d’évaluation.
  • Nombre de masters ou de formations diplômantes en évaluation des politiques publiques.
  • Existence d’une société nationale d’évaluation
  • Proportion d’élus formés aux fondamentaux de l’évaluation des politiques publiques
  • Proportion des politiques publiques évaluées, par secteur

Selon vous quels autres indicateurs pourraient être ajoutés pour la cible 16.6 ?

Les cibles oubliées de l’objectif 16

L’objectif 16 est résumé dans la communication onusienne par « Paix, justice et institutions efficaces » – sur son logo figure une colombe… Pourtant parmi ses cibles ne figurent que la limitation du trafic d’armes et non pas celle de la réduction de la fabrication d’armement… Selon vous, quelles autres cibles ont été oubliées ?

Objectif 16

Objectif 16 : Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous

 

Cibles

16.1 Réduire nettement, partout dans le monde, toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés

  • 16.1.1 Nombre de victimes d’homicide volontaire sur 100 000 habitants, par sexe et âge

  • 16.1.2 Nombre de morts imputables à des conflits pour 100 000 habitants, par sexe, âge et cause du décès

  • 16.1.3 Pourcentage de la population ayant été victime de violences physiques, psychologiques ou sexuelles au cours des 12 derniers mois

  • 16.1.4 Pourcentage de la population qui se sent en sécurité en marchant seule dans la zone où elle vit

16.2 Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants

  • 16.2.1 Pourcentage des enfants âgés de 1 à 17 ans ayant fait l’objet de punition physique ou d’agression psychologique de toutes sortes de la part de personnes en charge de leur éducation au cours du dernier mois

  • 16.2.2 Nombres de victimes de la traite des personnes sur 100 000 habitants, par sexe, âge et forme d’exploitation

  • 16.2.3 Proportion des femmes et des hommes âgés de 18 à 29 ans ayant été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans

16.3 Promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international et donner à tous accès à la justice dans des conditions d’égalité

  • 16.3.1 Proportion des victimes de violence ayant signalé leur victimisation aux autorités compétentes ou à d’autres mécanismes de règlement des différends officiellement reconnus au cours des 12 derniers mois

  • 16.3.2 Part des détenus non condamnés en pourcentage de l’ensemble de la population carcérale

16.4 D’ici à 2030, réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes, renforcer les activités de récupération et de restitution des biens volés et lutter contre toutes les formes de criminalité organisée

  • 16.4.1 Montant total des flux financiers illicites entrants et sortants (en dollars courants des États-Unis)
  • 16.4.2 Proportion des armes légères et de petit calibre saisies qui sont enregistrées et tracées, conformément aux normes internationales et aux instruments juridiques

16.5 Réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes

  • 16.5.1 Proportion de la population ayant été en contact avec un agent public au moins une fois et ayant payé un pot-de-vin à un agent public, ou à qui un agent public a demandé un pot-de-vin, au cours des 12 derniers mois

  • 16.5.2 Proportion des entreprises ayant été en relation avec un agent public au moins une fois et ayant payé un pot-de-vin à un agent public, ou ayant fait l’objet d’une demande de pot-de-vin par un agent public, au cours des 12 derniers mois

16.6 Mettre en place des institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux

  • 16.6.1 Dépenses publiques primaires en pourcentage du budget initialement approuvé par secteur (ou par code budgétaire ou système similaire)

  • 16.6.2 Proportion de la population satisfaite de sa dernière interaction avec des services publics

16.7 Faire en sorte que le dynamisme, l’ouverture, la participation et la représentation à tous les niveaux caractérisent la prise de décisions

  • 16.7.1 Pourcentage des emplois dans des institutions publiques (législatures nationales et locales, services public et magistrature), ventilé par sexe, âge, handicap ou non, et groupe de population, en comparaison avec la répartition nationale de l’emploi

  • 16.7.2 Proportion de la population considérant que la prise de décisions se fait de manière inclusive et responsable, par sexe, âge, handicap ou non et groupe de population

16.8 Élargir et renforcer la participation des pays en développement aux institutions chargées de la gouvernance au niveau mondial

  • 16.8.1 Proportion de membres et droits de vote des pays en développement dans les organisations internationales

16.9 D’ici à 2030, garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l’enregistrement des naissances

  • 16.9.1 Proportion d’enfants de moins de cinq ans dont la naissance a été enregistrée auprès des autorités civiles, par âge

16.10 Garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords internationaux

  • 16.10.1 Nombre de cas avérés de meurtre, d’enlèvement, de disparition forcée, de détention arbitraire et de torture de journalistes, de professionnels des médias et du personnel associé, de syndicalistes et de défenseurs des droits de l’homme, au cours des 12 derniers mois
  • 16.10.2 Nombre de pays ayant adopté et mis en œuvre des dispositions constitutionnelles, statutaires ou politiques pour garantir l’accès public à l’information

16.a Appuyer, notamment dans le cadre de la coopération internationale, les institutions nationales chargées de renforcer, à tous les niveaux, les moyens de prévenir la violence et de lutter contre le terrorisme et la criminalité, en particulier dans les pays en développement

  • 16.a.1 Existence d’institutions publiques nationales indépendantes des droits de l’homme, conformément aux Principes de Paris

16.b Promouvoir et appliquer des lois et politiques non discriminatoires pour le développement durable

  • 16.b.1 Proportion des personnes ayant rapporté s’être senties personnellement menacées ou harcelées au cours des 12 derniers mois pour un motif de discrimination contraire au droit international des droits de l’homme